22 janvier 2013

La face cachée du mariage pour tous

Le projet de loi visant à ouvrir le mariage aux personnes de même sexe à l'immense mérite de soulever la question de ce qu'est le mariage. Et là, il faut reconnaitre qu'on est un peu perdu, y compris chez les cathos. "S'ils s'aiment, pourquoi pas..." Réduit à la reconnaissance public d'un sentiment amoureux, on ne voit plus bien les raisons de ne pas l'ouvrir à tous ceux qui s'aiment.
En célébrant des mariages, l'Eglise continuera à lui garder tous son sens, celui d'un engagement complet et indissoluble entre un homme et une femme, qui décident de fonder une famille et d'élever les enfants qui naitront de leur amour. Contrairement à une idée répandue, on ne se marie pas seulement parce que l'on s'aime, mais pour s'aimer. Le sentiment amoureux n'est pas une base solide pour le mariage. C'est un projet de vie que l'on choisit à deux et qui comporte le soutien mutuel et le respect, la fidélité, l'indissolubilité, le désir d'avoir des enfants et de les élever ensemble. Dans tous ces registres, la différence sexuelle est impliquée. Il y a beaucoup de types d'union différentes entre personnes humaines, liens d'association, de communauté, d'amitié, d'adoption... Certaines font l'objet d'un contrat, d'autres sont tacites. Le type d'union particulier que constitue le mariage implique la différence sexuelle. Proposer un mariage asexué est un non-sens. On peut améliorer le Pacs ou proposer une union civile élargie, mais le mariage, désolé Messieurs Dames, c'est entre un homme et une femme. En réalité, le mariage est déjà pour tous, et la question actuelle porte non pas sur son ouverture mais sur sa définition.
Dans la tentative d'ouvrir le débat sur cette question, deux arguments servent de fin de non recevoir de la part des promoteurs de la loi Taubira : défendre le mariage serait une attitude "homophobe", et le mariage tel qu'il a été vécu jusqu'à maintenant n'a en rien empêché les drames familiaux. Sur la pancarte d'un manifestant pour le mariage des homosexuels, on pouvait lire "Je veux pouvoir choisir ne pas me marier". Pourquoi revendiquer un mariage que l'on décrie? Sans remettre en cause la bonne foi de ceux qui s'inquiètent du respect des homosexuels, on ne peut s'empêcher de penser qu'il ne s'agit là que d'un prétexte. Le projet de loi actuel n'est en réalité motivé que par la volonté d'en finir avec une institution jugée archaïque. Il ne s'agit pas d'ouvrir le mariage mais de le vider de son contenu pour le ramener à une union civile qui ne gardera du mariage que le nom. Il suffit d'écouter les arguments des défenseurs du projet de loi pour se convaincre que la défense des droits d'une minorité est systématiquement utilisée comme prétexte à ce qui en réalité constitue une nouvelle agression contre la famille, contre l'idée d'un ordre naturel des choses, contre le lien entre paternité et filiation.
Cette crise a pourtant du bon. Elle révèle que parmi nombre de chrétiens eux-mêmes s'est installée une conception faible et difficilement défendable du mariage, et les invite à en approfondir le sens. Avant de penser au mariage ou d'investir le débat public, il est primordial que chacun puisse se poser les bonnes questions, pour en retrouver les véritables fondements.
Père Jean-Baptiste Masson