Selon les sondages, Dieu a au moins un point commun avec les français, il aime la famille. Parmi ses
raisons, il y a certainement le fait que la famille est le lieu duquel chacun
tire son origine. Nous savons que nous ne nous sommes pas fait nous même, mais
que nous avons reçu la vie, reçu notre éducation, reçu les premiers liens
sociaux. Derrière tous ces dons, nous pouvons reconnaître Dieu comme l’origine
de la vie, l’origine de l’humanité, l’origine de l’amour qui doit souder la famille.
Cela nous amène à l’autre grande raison pour laquelle Dieu aime la famille :
nous y sommes confiés les uns aux autres. Chacun doit y trouver sa place,
chacun doit y apporter sa part. Dans la famille unité et diversité vont de pair.
Jésus a eu sa famille.
Une famille originale, et qui nous enseigne beaucoup sur ce que peuvent être ou
devenir nos familles.
Sur la paternité tout
d’abord. « Je dois être aux affaires de mon Père » dit Jésus à ses
parents venu le rechercher dans le Temple. Il n’y a pas de manière plus claire
d’affirmer devant Joseph lui-même qu’il est le Fils de Dieu. Cela n’empêche pas
Joseph d’être un vrai père sur terre. C’est lui qui a reconnu Jésus et qui
l’intègre dans la lignée de David, d’où doit naitre le Messie. C’est lui qui
éduque Jésus, veille sur sa croissance « en grâce et en Sagesse, devant
Dieu et devant les hommes ». Joseph est un modèle consolant pour bien des
pères, sur les épaules desquelles pèse l’idéal du père parfait. Dieu seul est
le Père parfait. L’autorité qu’exercent les pères sur terre envers leurs
enfants est au final comme celle de Joseph, une autorité d’emprunt, ce qui en
dit à la fois la limite et la beauté. Sans être parfait, ils exercent du mieux
qu’ils peuvent ce « ministère » de l’amour paternel. Ils peuvent être
les points d’appuis sur lesquels leurs enfants se construisent, sachant qu’ils
ne font qu’indiquer la direction, vers le but qui est Dieu lui-même. Ils seront
dépassés, mais cela fait aussi parti de leur mission.
L’épisode de Jésus
perdu et retrouvé dans le Temple permet de lever un peu le voile sur le style
d’éducation qui a été celui de Joseph et Marie. Alors que Jésus est resté à
Jérusalem, ils ne s’inquiètent qu’au bout d’une journée, le pensant avec
d’autres « parents et connaissance ». A 12 ans, Jésus n’était pas
couvé. On peut être surpris par cette liberté de l’enfant Jésus. Au passage,
cela éclaire comment Jésus a pu grandir « parmi ses frères », au sens
de la famille élargie. Chez Marie et Joseph, l’amour pour leur enfant s’allie à
la confiance. Chez l’enfant Jésus, la liberté s’allie à l’obéissance. Comme le
précise le texte « Il descendit avec eux à Nazareth, et il leur était
soumis. »
Enfin, nous voyons
que le fondement de la sainte famille de Nazareth, ce n’est pas l’enfant Jésus,
c’est l’attachement de Joseph et Marie l’un à l’autre. C’est ensemble qu’ils
prennent soin de Jésus et qu’ils exercent efficacement en commun l’autorité. A
notre époque ou beaucoup de parents ne savent plus comment s’y prendre avec
leurs enfants, qu’ils se rappellent que la première chose dont ceux-ci ont
besoin, c’est de voir leurs parents se respecter et vivre unis.
A l’occasion de la
fête de la sainte famille, nous pouvons confier à Dieu chacune de nos familles.
- D’abord pour le remercier. Même si ce n’est
pas la famille parfaite ou rêvée, c’est ma famille. Elle n’est peut-être qu’un
pâle reflet de l’amour de Dieu, mais c’est elle la première qui me dit
humainement que je suis attendu, aimé, que j’ai ma place, que je peux faire du
bien aux autres et leur donner leur place.
- Le prier ensuite pour toutes les blessures des
familles et cultiver l’espérance. Il n’y a pas de famille parfaite, mais toutes
les familles peuvent faire du bien et jouer leur rôle dans l’épanouissement de
chacun.
- Enfin, lui demander le courage de nous remettre en
route pour sanctifier nos familles. Marie et Joseph allaient en pèlerinage
trois fois par an à Jérusalem. Autant dire qu’ils étaient tout le temps sur la
route. Au sein d’Israël, ils se rappelaient qu’ils n’étaient qu’en pèlerinage
sur la terre, et que leur véritable demeure était en Dieu. De même, par la
prière quotidienne, par la pratique plus régulière de la messe, par la
célébration des fêtes du Seigneur, que nos familles puissent redevenir ces
lieux où chacun trouve son chemin vers Dieu.
Père Jean-Baptiste Masson