Le monde d'après, le monde de maintenant

19 mars 2021 : un confinement qui dure et se durcit

" Ce que la pandémie a révélé, ce n’est pas seulement un goût pour les anniversaires, bons ou mauvais, c’est plutôt un souvenir physique : il y a un an presque jour pour jour, le Covid-19, dont on ne pratiquait pas encore couramment le nom faisait subitement irruption dans nos vies et modifiait radicalement notre rapport au monde, au temps, au travail, au sport, à la culture, aux voyages. Souvenez-vous, l’hiver avait été sinistre, pas très froid mais pluvieux et venteux, et on aspirait au printemps.
Depuis un gros mois, on entendait parler de ce « virus chinois ». TC y avait consacré un éditorial et deux articles dès le 6 février ; tous étaient alarmants. Pour autant, le confinement, avec sa violence, sa radicalité, nous a tous et toutes pris de court. Comment imaginer qu’on allait en quelque sorte « arrêter » le monde ? Souvenons-nous de ce silence quand les rues se sont vidées. Le « monde d’avant » est resté de l’autre côté, du côté du bruit, de l’agitation.
Un an plus tard, nous sommes encore dans cet étrange « entre-monde ». Le miracle des vaccins conçus en des temps record est la promesse d’une sortie vers l’« après », même si nous sommes encore sous la menace de sursauts divers. S’il est trop tôt pour faire un bilan, il est des choses dont nous sommes déjà assurés ; il est probable que les transports aériens et le tourisme de masse auront connu en 2019 un pic qu’ils ne retrouveront peut-être jamais. La part de nos activités via Internet a considérablement augmenté – travail, démarches administratives, achats, culture – et dans la foulée s’aggrave ce qu’on nomme la « fracture numérique ».
Restent les questions éthiques liées à la pandémie. Les pays riches peuvent nourrir un débat générationnel : on aurait sacrifié les plus jeunes pour protéger les plus âgés. Mais les conséquences du ralentissement des échanges avec les pays les plus pauvres sont autrement plus graves : 150 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de grande pauvreté, des enfants retirés de l’école et mis au travail, des filles mariées précocement pour soulager les familles… Partout, le Covid est un révélateur d’inégalités… Puissions-nous avoir appris quelque chose car, dans le monde d’après, nous devrons faire face à l’urgence climatique et à des dilemmes similaires." 
édito de C.Padotti dans la revue Témoignage chrétien du 18 mars 2021  

Mur des Retrouvailles 
Des enfants du caté ont exprimé à travers des dessins ce qu'ils avaient vécu cette année et pendant la période du confinement
Pendant la prière universelle  ils ont amené des fleurs et garni le vase d'autel . 













Paroles déconfinées .....

Nous ne sortons pas indemnes des semaines de confinement.
Ni même des premiers jours de déconfinement.

Qui sommes-nous devenus?

Que désirons-nous vivre?

Quelques paroissiens témoignent.
Chacune peut prendre la parole.

Nous ouvrons sur ce blog l’onglet
«Le monde d’après, le monde de maintenant…»

N’hésitez pas à envoyer votre témoignage à : saintbenoitdesmarais@orange.fr.



Vous retrouverez les témoignages qui suivent dans le P’tit Saint Benoit d’été : N°20 qui sort prochainement.  Demandez-le aux sorties des messes, dans les églises ouvertes,  à l’accueil de la maison paroissiale NDL.



Anne, Thomas et la jeune Soazig : ensemble .


Pour notre famille, la période du confinement a été d’autant plus inédite que nous avons chacun notre tour été blessés et donc en incapacité de travailler, même à distance. Ces 55 jours ont donc constitué une véritable pause, un arrêt dans le cours de notre vie habituelle rythmée par les contraintes extérieures. Cela nous a permis de souffler et de nous concentrer sur notre vie à trois. Nous avons eu la chance inouïe de voir notre petite fille grandir au jour le jour : nous avons été les témoins de son apprentissage de chaque nouveau mot, chaque nouveau geste. Le silence extérieur a aussi été l’occasion de nous interroger sur notre foyer, tant d’un point de vue matériel qu’humain : nous avons profité d’être constamment ensemble mais nous avons aussi pu réinterroger certaines habitudes acquises dans la frénésie du quotidien et en contradiction avec la nécessité de placer l’Amour au centre de nos vies. Enfin, ce confinement a été marqué par la difficulté de fêter Pâques sans nos familles et notre communauté. La joie de célébrer la Pentecôte à l’église n’en a été que plus grande et l’appel à porter la parole de l’Evangile partout et pour tous n’a sans doute jamais eu autant de sens pour nous.

Marie : Et notre bébé ? 


« Vais-je accoucher sans mon mari ? Et si on attrapait ce virus ? Et notre bébé ? Et si elle naissait prématurée ? Et si toute cette inquiétude était mauvaise pour le fœtus ?

« Nous sommes en guerre ! » C'est décidé, je ne sors plus ! De toute façon les rendez-vous sont annulés.

« Tic-tac » À cause d'un microscopique virus, tout s'arrête. Confinés, le temps ralentit ... Sauf pour les agriculteurs : les lillois prennent d'assaut mon circuit-court, du jamais vu ! Le local est-il devenu à la mode ?

« Prends soin de toi ». Une phrase qui résonnait avec beaucoup de sincérité en cette période d'isolement, une phrase d'amour pour nos proches, de nos contacts, comme une prière pour éloigner le virus, le malheur.

« On l'appellera ... » D'avantage de temps pour discuter, le prénom de bébé est trouvé !

« L'épidémie ralentit ». Lent soulagement, nos efforts ont payé ! Nos proches pourront-ils nous visiter à la maternité ?
 Depuis , c'est tout récent  " Céleste est déconfinée ! "
 Elle a un jour !  Bienvenue parmi nous !


Sandrine, infirmière : retour à l’Hôpital !


Ce confinement  a été l'occasion de diverses expériences familiales et personnelles.
Tout d'abord, l'occasion de se mettre en pause forcée. Au départ c'est bizarre, puis finalement on y prend goût car il faut bien se l'avouer, cette crise a permis de se détourner du superflu et des contraintes ; même si l'angoisse de la maladie en toile de fond était présente.
Puis l'appel à renforcer les équipes de soins était une évidence. Les choses mettent du temps à bouger (environ 3 semaines) , et un jour cela devient concret, j'ai l'opportunité d'aller aider à l’hôpital. Je choisis d'aller là où je me sens utile : le service que j’ai quitté en 2013 est devenu « Réanimation à haute densité virale ». Plus à risque, oui, mais je connais la pratique et donc pour moi c'est plus facile. Pouvoir toucher à nouveau les malades, même gantée ; leur sourire, même masquée ; partager avec de nouveaux collègues nos expériences, revoir les anciens et savoir de pouvoir compter sur eux ... de tout ça aujourd'hui je suis plus riche !!!



Etienne, diacre : Jeûne et partage


Nous venons de vivre 2 mois et demi très particuliers. Maintenant que la vie « normale » peut reprendre, qu’est-ce que je retiens de cette expérience ?
Tout d’abord, je pense que je n’avais jamais vécu l’arrivée du printemps aussi intensément. Jour après jour, j’ai vu les feuilles poindre et grandir sur les arbres ; entendu chanter les oiseaux, respiré un air dépollué par l’absence de circulation automobile. Et le silence. Quel bonheur d’écouter le silence !
Et puis, j’ai vécu cette période un peu  austère comme un carême imposé par les circonstances. J’ai  jeûné de distractions de toutes sortes (cinéma, restaurants, contacts avec les plus proches même si le téléphone a beaucoup servi). Et cela s’est passé sans mal ! D’autant plus que nous étions à 2 et que  le contact avec les voisins de notre petit immeuble s’est enrichi….
Lors des promenades autorisées il m’est arrivé plusieurs fois d’aller à l’église St Charles. Quel beau lieu de paix ! Nous avons la chance qu’elle soit ouverte, et fréquentée tous les jours par des visiteurs individuels et discrets. Le jour de la Pentecôte, j’ai apprécié d’y retrouver d’autres chrétiens venus prier ensemble. Durant 2 mois et demi, j’avais aimé le blog de la paroisse qui permettait de méditer la Parole de Dieu jour après jour. Et j’ai davantage pris conscience que cette Parole quotidienne est source de joie et de confiance en la vie.


François, Marie et Titouan : un quotidien chamboulé. 

Depuis le 12 mars, notre vie bien réglée est chamboulée. Plus d’aller-retour à Paris et confiné en télétravail à la maison, je ne sors plus. Chacun doit trouver son territoire: «Do not disturb!»; réunions téléphoniques dans l’espace privé, et un certain calme doit régner dans la maison. Titouan, privé de lycée, cours en vidéoconférence (avec son avenir en jeu, année du bac), sort le moins possible. Il ne voit plus les copains. Marie doit s’adapter, changer son quotidien et, malgré l’inquiétude, doit assurer l’intendance et faire régner l’harmonie. Ce moment était difficile, notre fille a accouché et nous avons fait connaissance avec notre petit fils, un mois après, sans pouvoir le toucher. Mais il nous a aussi permis de nous retrouver, de se comprendre, d’échanger. De nouveaux gestes attentionnés sont apparus. Un moment de prière tout particulier, le dimanche matin devant notre télé pour la messe en direct, avec une bougie allumée et de l’encens. Nous étions privés de l’eucharistie, mais cela mit l’accent sur l’importance du geste de la fraction et du partage du pain.


Monique, une aînée: «Soyons positifs!»

Après ce confinement et des journées de solitude forcés, quel bonheur de retrouver une liberté modérée! Soyons positifs! Il y a eu beaucoup de belles choses pendant ce temps: la solidarité (oui, ça existe encore), le «prendre soin de son prochain», les contacts par téléphone d’abord avec la famille, petits et grands, puis avec les relations proches et aussi lointaines auxquelles nous ne pensions pas ou plus… Ce que je retiens, c’est une réponse sans restriction de plusieurs voisins de ma rue, à se retrouver chaque soir à 20 heures pour battre des mains, rendre hommage à tout le personnel hospitalier et d’autres, si méritants. Le jardin m’a aidé à supporter ce moment difficile.  Je pensais souvent à mes enfants ne pouvant sortir de leur espace, vraiment confinés dans leur appartement. Beaucoup ont retrouvé le goût des travaux manuels: tricot, canevas…; moi, j’ai repris l’anglais par téléphone! Ça me  rappelait ma jeunesse, l’école. Il y a certainement d’autres choses à évoquer. Ce confinement nous a forcés à nous priver, mais nous a, aussi, beaucoup donné.